Entrevista realizada em Lisboa, a 28 de Fevereiro de 2014, por Inês Espírito Santo.
[versão portuguesa em baixo]
Observatório da emigração (OEm) - La première question que j´aimerais te poser c´est comment es-tu arrivée au thème des migrations et plus particulièrement à l´immigration portugaise ?
Irène dos Santos (IS) - J'avais présenté un projet de recherche pour rentrer au Laboratoire d'anthropologie sociale de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales(Paris), pour travailler sur la mémoire familiale... je ne me souviens plus exactement du projet, mais Françoise Zonabend qui est devenue ma directrice de thèse m'a conseillé de resserrer mon objet d'étude et c'est là que l'idée m'est venue de travailler sur la mémoire en contexte migratoire, à partir du cas de l'immigration portugaise en France. Je n'avais alors aucun contact sauf mon père, immigré portugais arrivé en 1968. Les quelques membres de ma famille eux-mêmes immigrés étaient repartis au Portugal et nous vivions éloignés des sociabilités communautaires, mon père ne m'avait pas transmis sa culture : je n'ai jamais parlé portugais avec lui.
OEm - Ton lien familial a joué sur ce choix ?
IS - Oui, mais j'ignorais quand j'ai débuté cette recherche à quel point j'entamais aussi un travail très personnel, entre ‘quête et enquête' pour reprendre l'expression de Nicole Lapierre.
OEm - Tu peux me dire exactement en quoi consistait ton projet doctoral ?
IS - Mon projet portait sur la transmission intergénérationnelle au sein de familles ayant gardé des liens avec le Portugal et pratiquant annuellement le ‘va-et-vient' entre lieu d'installation et village d'origine et sur les reconstructions identitaires et mémorielles des descendants. Une perspective de recherche qui s'inscrivait dans la continuité des travaux menés par l'équipe dirigée par Michel Oriol sur la double appartenance des enfants de migrants portugais, et sur les impacts que pouvait avoir l'adhésion du Portugal à la CEE sur les constructions identitaires ; une perspective prenant ses distances avec l'approche assimilationniste qui a longtemps dominé les travaux sur l'immigration en France. Dans le cadre de mon DEA [master], j'ai effectué un premier terrain au sein d'une association portugaise de la région parisienne. Il s'agissait d'une association de type traditionnel, composée de quelques familles qui constituaient unrancho folclórico participant tous les week-ends à des festivals de danse folklorique portugaise, un contexte fortement endogame, avec une faible mobilité sociale, la direction de l'association étant depuis des années dirigée par le même groupe de parenté...
OEm - Et puis j´imagine que ton sujet a beaucoup évolué... comment ? Vers quelle direction ?
IS - Lors de ce premier terrain une jeune femme, Suzana, avait retenu mon attention. C'était la fiancée du président de l'association, ouvrier dans le B.T.P. ; elle aspirait à autre chose, voulait poursuivre des études supérieures à Paris, semblait hésiter... Entre temps une collègue m'avait présenté à sa gardienne d'immeuble, une portugaise dont la fille faisait des études de littérature à la Sorbonne et était membre - je reprends ses mots - "de la plus grande association de lusodescendants" : l'association parisienne Cap Magellan, créée en 1991. Ce type d'association est assez différent de celui créé par la première génération. Il montre plusieurs choses : la mise à distance de la culture populaire parentale par des binationaux en position de mobilité sociale ascendante; le dépassement du stigmate de la migration à travers la construction d'une "identité portugaise" valorisante, fondée sur une culture portugaise moderne, urbaine et savante, et véhiculant une image nouvelle du pays d'origine; l'élargissement de l'échelle des appartenances, à la fois familiales et locales, nationales et diasporiques, voire transnationales et globales... J'ai commencé un terrain auprès de différentes associations franco-portugaises créées par des jeunes étudiants, mais aussi auprès de la Coordination des Collectivités Portugaises de France (un collectif national d'associations) qui organisait au début des années 2000 des activités spécifiquement destinées à la dite deuxième génération, dont les "rencontres européennes de lusodescendants". Je me suis intéressée aux "rencontres mondiales de lusodescendants" que le secrétariat d'Etat aux Communautés portugaises a commencé à organiser, sur le même modèle et par la suite à la politique diasporique menée par l'Etat portugais à destination des "lusodescendants". Ce qui m'a conduit à travailler la question du "nationalisme à distance", celle du mythe du retour, mais aussi des pratiques concrètes de "retour" de certains jeunes au Portugal au début des années 2000 et la confrontation avec un pays idéalisé qu'ils ne connaissaient pas.
OEm - Peux-tu me parler un peu plus de cette catégorie de "Lusodescendants" ? Comment l´as-tu utilisée ? Avec quelles précautions ?
IS - Il y aurait beaucoup à dire ! Elle illustre toute la complexité à laquelle nous sommes confrontés pour trouver des catégories d'analyse pertinentes, or il se trouve que le terme est rarement questionné par les chercheurs. Au Groupe d'Anthropologie du Portugal (Maison des Sciences de l'Homme de Paris) nous y avons consacré un numéro de la revue en 2003. Je l'utilise comme une catégorie emic propre à la narrative diasporique de l'Etat Portugais des "liens du sang": à cette échelle, il s'agit d'une catégorie ethnique primordiale et englobante, permettant de désigner l'ensemble des descendants d'émigrants portugais dans le monde, quel que soit le sentiment d'appartenance des individus. Pour une association comme Cap Magellan, la catégorie, utilisée à partir du milieu des années 1990, a constitué un "label" permettant de sortir de la catégorie stigmatisante des "jeunes d'origine portugaise", donc immigrés : il s'agissait d'une mise à distance de la condition (sociale) immigrée qui s'opérait avec l'investissement dans une origine ethnique devenue valorisante. Je pense quelle sera peu à peu substituée par la catégorie "lusophone", ce qui peut aussi révéler l'évolution vers un modèle diasporique non plus centré sur le pays d'origine, le Portugal, mais se référant au monde lusophone...
OEm - À la lecture de ta thèse j´ai pu remarquer qu´il y a plusieurs rapports à "l´origine portugaise". As-tu développé une typologie, des types-idéaux de ces jeunes ?
IS - J'ai essayé d'ouvrir mon terrain à des individus qui n'étaient pas impliqués dans des associations portugaises et qui ne revendiquaient pas dans l'espace public leur "origine portugaise". Ce type d'enquête auprès d'une population par définition "invisible" est plus difficile à mener. Je n'ai pas cherché à construire des types idéaux, mais voulu montrer qu'il y avait différentes manières de se vivre comme descendant de Portugais/Français d'origine portugaise/franco-portugais/lusodescendant, etc. Il n'y a pas une seule "portugalité", celle qui serait associée à la lusodescendance et renverrait à une assignation identitaire et sociale : être visible dans les sociétés d'installation en y défendant à travers une légitimité acquise par une mobilité sociale ascendante les intérêts du pays d'origine.
OEm - Pendant la préparation de ta thèse tu as animé des ateliers de documentaire avec des jeunes "lusodescendants". Quel était l´objectif et quels en ont été les résultats ? Comme tu sais je n´oublie pas l´un de ces petits films que j´ai trouvé très beau sur le silence...
IS - Il s'agit d'un atelier cinéma développé avec le cinéaste Pierre Primetens dans le cadre d'un programme culturel mené par la région Ile-de-France sur les mémoires de l'immigration. L'atelier a duré presqu'un an, avec trois groupes composés d'une dizaine de jeunes et s'est déroulé à Paris, Champigny-sur-Marne et à Viana do Castelo. L'objectif était double: initier le jeune public à la réalisation d'un film, dans ce cas un autoportrait, et saisir au sein de familles franco-portugaises la manière dont l'histoire de la migration avait été transmise. Le film qui t'a particulièrement touchée parle des ruptures familiales engendrées par la migration, de la non transmission d'une histoire difficile, mais aussi de l'acceptation de cette absence de transmission. En tant qu'anthropologue, la grande surprise a été de voir à quel point la caméra constituait un outil permettant d'entrer dans l'intimité des individus et des familles : après quelques réticences, les parents se dévoilaient facilement, les familles rejouaient les conflits générationnels, nous avons pu aussi accéder aux espaces habités, même ceux exigus comme les loges de concierge, ce qui avait été compliqué durant mon terrain.
OEm - Aujourd´hui tu as changé de sujet de recherche... Tu travailles sur la mobilité entre le Portugal et l´Angola sous l´angle des migrations internationales. Peux-tu nous raconter un peu comment tu y es arrivée ?
IS - Ce projet de recherche est né de discussions avec des collègues français qui travaillent sur "l'immigration postcoloniale" en France et la question de la "mémoire coloniale". Quand j'ai écrit mon projet de recherche postdoctoral, au cours l'été 2010, les flux migratoires entre le Portugal et l'Angola s'étaient accélérés depuis presqu'une dizaine d'années suite à la fin de la guerre civile, mais s'étaient réellement intensifiés et diversifiés de manière plus récente. Dans cette situation singulière de renversement des rapports Nord-Sud, il m'a semblé intéressant d'essayer de comprendre ce qui pouvait motiver les Portugais à émigrer en Angola et d'interroger l'idée même d'héritage colonial.
OEm - Dans quel cadre s'inscrit cette recherche et où en es-tu en termes de résultats ?
IS - Il s'agit d'une recherche financée par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia que je mène en tant que chercheur associé au Centro em Rede de Investigação em Antropologia (CRIA) de l'Universidade Nova de Lisboa. J'ai travaillé sur plusieurs types de populations : en réalisant au Portugal des entretiens auprès de "Retornados" et en participant aux rencontres annuelles qu'ils organisent pour revivre et se remémorer l''expérience africaine', certains d'entre eux ou leurs enfants circulent depuis les années 2000 entre le Portugal et l'Angola dans le cadre d'activités économiques transnationales; en réalisant une enquête de terrain à Luanda auprès de jeunes "émigrants" et "expatriés" portugais et luso-angolais.
OEm - Te situes-tu alors dans la ligne des théories postcoloniales qui se posent la question de la continuité chronologique du passé colonial et de la migration portugaise qui en a résulté ?
IS - Bien sûr j'interroge le rapport au passé colonial et notamment l'absence d'un questionnement critique sur le colonialisme au Portugal. Mais en travaillant sur les subjectivités migrantes, il s'agit pour moi de tenter d'aller au-delà de l'idée de "persistance de l'histoire" ou encore de "nostalgie postcoloniale".
OEm - Comment s'est passé ton terrain en Angola ? As-tu eu accès à des données statistiques récentes sur ces jeunes émigrés en Angola ? Quelles ont été les conditions d'accueil de ta recherche là-bas ?
IS - Ce terrain d'un mois a d'abord été difficile à organiser : l'obtention du visa a été compliquée puisque je n'avais pas de contact institutionnel avec un centre de recherche angolais. Pour différentes raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas ici, l'immigration est un sujet sensible en Angola. J'ai rapidement renoncé à obtenir des données statistiques en me concentrant sur des données qualitatives recueillies par le biais d'entretiens et d'observation de pratiques de sociabilité. La vie sur place est extrêmement chère et je n'avais pas trouvé de familles pour m'accueillir. Je suis restée quelques jours dans un hôtel de la Baixa de Luanda, puis j'ai emménagé chez une expatriée française à l'entrée d'unmusseque ; elle m'a appris à utiliser les transports publics et à me déplacer à pied dans la ville : j'étais beaucoup plus mobile et autonome que certains immigrants portugais qui venaient d'arriver et restaient reclus dans leurs logements. Je les rencontrais chez eux et/ou dans des restaurants, cafés portugais de la Baixa, ou sur l'Ile de Luanda. Les profils socioéconomiques et les projets migratoires sont très diversifiés. Les liens avec l'Angola, qu'ils soient historiques ou familiaux, n'apparaissent généralement que très peu dans l'explicitation des raisons de l'émigration, sauf pour les luso-angolais, des jeunes nés au Portugal de couples mixtes de "Retornados" qui cherchent à acquérir la nationalité angolaise. Ceci incite aussi à approfondir les études menées sur l'intégration de cette population (les "Retornados" métis) au Portugal.
OEm - Depuis 2010 tu co-organises le séminaire "Mémoires et patrimonialisations des migrations" à l'EHESS. D'où vient l'idée ou la nécessité de créer ce séminaire ?
IS - Le phénomène d'institutionnalisation politique de la mémoire (comme les lois mémorielles) et de patrimonialisation, qui traduit un rapport spécifique au temps dans nos sociétés, a aussi touché la question migratoire, avec par exemple la création au sein de l'UNESCO d'un réseau de musées de la migration visant la reconnaissance et l'intégration des populations déplacées. Les migrants eux-mêmes ont commencé à œuvrer dans le cadre associatif à la constitution d'archives pour la (re)connaissance de leur passé, alors qu'au niveau familial nous avions observé sur le terrain une faible valeur accordée à l'histoire migratoire et l'absence d'un récit explicite associé à l'existence de souvenirs négatifs, honteux, de ce passé. L'idée nous est venue d'interroger les mécanismes qui visent à construire les mémoires collectives des migrations et à les transformer en patrimoine, donc à leur donner une valeur. Comprendre comment et pourquoi ces processus émergent, qui en sont les acteurs, dans quels lieux, avec quels objets, etc., dans une perspective comparée de recherche.
OEm - Enfin, j'aimerais que tu me parles un peu plus du concept de mémoire dans le cadre des migrations et la façon dont tu le saisis dans tes recherches.
IS - Penser en termes de mémoire sociale en contexte migratoire s'est paradoxalement inscrire la réflexion dans une logique de continuité sociale et culturelle, et renvoyer l'expérience migratoire vécue à du passé (selon la définition que proposent certains historiens de la mémoire collective immigrée). Or dans le contexte intra-européen, le cas de la migration portugaise montre bien que quarante ans après cette expérience migratoire reste de l'ordre du présent (du fait des va-et-vient et des solidarités entre générations dans cette mobilité). Il est intéressant d'observer que si les phénomènes mémoriels sont dynamiques, sans cesse alimentés par les mobilités et liens transnationaux des migrants, la patrimonialisation fixe les représentations du passé migratoire. Penser en termes de mémoire collective, c'est aussi analyser la mémoire d'un groupe, donc les effets de l'appartenance à un collectif sur les souvenirs que conservent les individus. Les appartenances multiples, les identités et imaginaires multi-situés des migrants rendent l'étude de ces processus particulièrement passionnants.
OEm - As-tu envie de nous parler d'autres aspects importants de tes recherches pour l'étude de l'émigration portugaise ?
IS - J'aimerais surtout profiter de cette occasion pour dire combien il est important de continuer à travailler sur l'émigration portugaise - les flux récents sans laisser tomber les anciens - dans une perspective comparée entre les différents contextes d'installation, comme j'avais commencé à le faire avec mon collègue brésilien Eduardo Caetano da Silva, dans une recherche France/Brésil sur la lusodescendance, ou João Sardinha à partir du cas canadien et français. Il faudrait aussi poursuivre les travaux sur les différentes formes de participation des Portugais dans les sociétés d'installation, par exemple sur la participation politique et la citoyenneté en générale, comme a commencé à le faire Jorge Portugal Branco sur les élus portugais municipaux portugais et français d'origine portugaise.
Como citar [versão fr] Espírito Santo, Inês (2014), "Il n'y a pas une seule 'portugalité': entretien avec Irène dos Santos", Observatório da Emigração, 28 de fevereiro de 2014. http://observatorioemigracao.pt/np4/4672.html
[Versão portuguesa]
Observatório da emigração (à frente OEm) - Gostaria de começar por perguntar como chegaste no teu percurso académico ao tema das migrações e, mais particularmente, à imigração portuguesa?
Irène dos Santos (à frente IS) - Comecei por apresentar um projeto de investigação ao Laboratoire d´anthropologie sociale da Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris), no sentido de trabalhar sobre a memória familiar... Já não me lembro exatamente do projeto, mas a Françoise Zonabend, que se tornou entretanto a minha orientadora de tese de doutoramento, aconselhou-me a delimitar melhor o objeto de estudo. Foi aí que surgiu a ideia de trabalhar sobre a memória em contexto migratório surgiu, nomeadamente o caso da imigração portuguesa em França. Nessa altura não tinha contactos entre essa população, excetuando o meu pai, imigrante português chegado a França em 1968. Os meus outros familiares que imigraram na mesma altura já tinham regressado a Portugal e nós vivíamos longe das sociabilidades comunitárias. Nunca falei com o meu pai em português, aliás ele não me transmitiu a sua cultura.
OEm - Então a tua ligação familiar teve uma influência nessa escolha ?
IS - Sim, mas quando iniciei esta investigação estava longe de pensar até que ponto estava a começar um trabalho bastante pessoal, uma pesquisa que se situava entre "quête et enquête" nos termos de Nicole Lapierre.
OEm - Podes falar mais precisamente no que é que consistia o teu projeto de doutoramento?
IS - O meu projeto tinha como objetivo a transmissão intergeracional nas famílias que tinham guardado ligações com Portugal, praticando anualmente o "vai e vem" entre o lugar de instalação em França e a aldeia de origem. Interessava-me neste sentido as reconstruções identitárias e memoriais dos descendentes. Era portanto uma perspetiva de investigação que se inscrevia na continuidade dos trabalhos conduzidos pela equipa dirigida por Michel Oriol sobre a dupla pertença dos filhos dos migrantes portugueses e sobre os impactos da adesão de Portugal na CEE nas construções identitárias. Uma perspetiva que se distanciava da lógica assimilacionista que dominou durante bastante tempo os trabalhos sobre a imigração em França. Durante o meu mestrado, fiz o meu primeiro trabalho de campo numa uma associação portuguesa da região parisiense. Tratava-se de uma associação de tipo tradicional, composta por algumas famílias que constituíam um rancho folclórico e que participavam todos os fins-de-semana em festivais de dança folclórica portuguesa. Um meio bastante endogâmico, com uma fraca mobilidade social. A direção da associação era há muitos anos levada a cabo por um mesmo grupo de parentalidade...
OEm - Entretanto, imagino que o teu tema de investigação se tenha desenvolvido... Como? E em que direção?
IS - Nesse primeiro trabalho de campo uma jovem, Suzana, captou a minha atenção. Era a noiva do presidente da associação, o qual era operário na construção civil. Mas ela tinha outras aspirações, queria continuar os estudos superiores em Paris, embora hesitante... Entretanto uma colega apresentou-me a porteira do seu prédio, uma portuguesa cuja filha estava a seguir estudos literários na Sorbonne e era membro, cito-a "da maior associação de lusodescendentes", a associação parisiense Cap Magellan, criada em 1991. Este tipo de associação é bastante diferente daquelas que foram criadas pela primeira geração. Várias observações podem ser evidenciadas nestas associações com membros lusodescendentes: distância da cultura popular parental por parte dos binacionais, em posição de mobilidade social ascendente; necessidade de ultrapassar o estigma da migração a partir da construção de uma "identidade portuguesa" valorizada, assente numa cultura portuguesa moderna, urbana e conhecedora, veiculando uma nova imagem do país de origem; alargamento da escala de pertenças, tanto familiares como locais, nacionais, da diáspora, ou então transnacionais e globais... Comecei então o trabalho de campo junto a diferentes associações franco-portuguesas criadas por jovens estudantes, mas também junto da Coordination des Collectivités Portugaises de France (coletivo nacional de associações) que organizava desde o início de 2000 atividades destinadas especificamente à dita segunda geração, nomeadamente os "encontros europeus de lusodescendentes". Isto conduziu-me a trabalhar sobre a questão do "nacionalismo à distância", o mito do regresso, mas também sobre as práticas de regresso a Portugal de certos jovens no início dos anos 2000. E ainda no confronto destes jovens com um país idealizado que eles não conheciam.
OEm - Podes falar um pouco mais dessa categoria de "lusodescendentes"? Como é que a utilizaste? Com que precauções?
IS - Haveria muita coisa a dizer a esse propósito! A categoria de lusodescendentes ilustra a complexidade à qual todos nós somos confrontados quando se trata de encontrar categorias de análise pertinentes, embora seja um termo raramente questionado pelos investigadores. No grupo de Antropologia de Portugal (associado à Maison des Sciences de l'Homme de Paris) consagrámos ao tema um dos números da revista em 2003. Eu utilizo o termo lusodescendentes como uma categoria emic, a partir da narrativa da diáspora do Estado Português em relação às "ligações de sangue", tratando-se de uma categoria étnica primordial e englobante, que permite designar o conjunto de descendentes de emigrantes portugueses no mundo, qualquer que seja o sentimento de pertença dos indivíduos. Para uma associação como a Cap Magellan, a categoria lusodescendentes, utilizada a partir de meados dos anos 1990, constituiu uma "etiqueta" que permitia sair da categoria estigmatizada de "jovens de origem portuguesa", i.e. imigrantes. Através deste novo termo tentou-se criar distância da condição (social) imigrante através do investimento numa origem étnica valorizada. Penso que pouco a pouco foi substituído pela categoria "lusófono", o que pode também revelar a evolução em direção a um modelo de diáspora não tão centrado no país de origem, mas referindo-se ao mundo lusófono em geral, onde se fala a língua portuguesa...
OEm - Na leitura da tua tese pude constatar que existem vários tipos de relação com a "origem portuguesa". Desenvolveste uma tipologia, como, por exemplo, os "tipos-ideais" desses jovens?
IS - Tentei estender a minha pesquisa a indivíduos que não estavam implicados nas associações portuguesas e que não revindicavam no espaço público a sua "origem portuguesa". Este tipo de investigações junto de uma população por definição "invisível" é mais difícil de realizar. Não procurei construir tipos-ideais, mas tinha a intenção de mostrar que havia várias maneiras de se viver como descendente de português/francês, de origem portuguesa/francoportuguesa/lusodescendente, etc. Há mais do que uma "portugalidade", diferente daquela que é frequentemente associada aos lusodescendentes e que nos remete apenas a uma pertença identitária e social. Há lusodescentes que são visíveis nas sociedades de instalação, não passando por reivindicarem no espaço público a origem portuguesa, mas defendendo os interesses do país de origem através de uma legitimidade adquirida por uma mobilidade social ascendente.
OEm - Durante a preparação da tua tese animaste ateliers de documentário com jovens "lusodescendentes". Qual era o objetivo e quais foram os resultados? Como sabes, um dos pequenos filmes que foram realizados nesse atelier tocou-me bastante pelo facto do jovem realizador ter conseguido retratar de maneira muito estética o silêncio do pai...
IS - Tratou-se de um de atelier de cinema desenvolvido com o cineasta Pierre Primetens, no contexto de um programa cultural organizado na região Île-de-France sobre as memórias da imigração. O atelier realizou-se durante quase um ano, com três grupos compostos por uma dezena de jovens e teve lugar em Paris, Champigny-sur-Marne e Viana do Castelo. Havia um duplo objetivo: iniciar o público jovem na realização de um filme, neste caso nos autorretratos, e apreender no seio das famílias franco-portuguesas o modo como a história da migração tinha sido transmitida. O filme que te tocou particularmente fala de ruturas familiares engendradas pela migração, da não transmissão de uma história difícil, mas também de aceitação dessa ausência de transmissão. Como antropóloga, a grande surpresa foi compreender até que ponto a câmara constitui um instrumento que permite entrar na intimidade dos indivíduos e das famílias: depois de algumas reticências, os pais testemunharam facilmente as suas histórias e as famílias apresentaram os conflitos geracionais. Pudemos igualmente aceder aos espaços habitados, mesmo aqueles mais exíguos como são o caso das habitações das porteiras, o que tinha sido complicado durante o meu trabalho de campo.
OEm - Atualmente tens outros interesses de investigação... Trabalhas sobre a mobilidade entre Portugal e Angola na perspetiva das migrações internacionais. Podes contar-nos como é que chegaste a este tema?
IS - Este projeto nasceu dos debates que tive com os meus colegas franceses que trabalham sobre a "imigração pós-colonial" em França e sobre a questão da "memória colonial". Quando escrevi o meu projeto de investigação de pós-doutoramento, durante o Verão de 2010, os fluxos migratórios entre Portugal e Angola tinham-se tornado mais intensos, existem desde o fim da guerra civil, há cerca de uma década atrás, mas essa mobilidade intensificou-se e diversificou-se sobretudo recentemente. Nesta situação particular de inversão de relações Norte-Sul, pareceu-me interessante tentar compreender o que podia motivar os portugueses a emigrar para Angola, bem como interrogar a ideia de herança colonial.
OEm - Em que contexto se inscreve esta investigação e onde te encontras em termos de resultados?
IS - Trata-se de uma investigação financiada pela Fundação para a Ciência e a Tecnologia, enquanto investigadora associada ao Centro em Rede de Investigação em Antropologia (CRIA) da Universidade Nova de Lisboa. Trabalhei com vários tipos de população: realizei em Portugal entrevistas a retornados e participei em encontros anuais que eles organizam para "reviver" e "rememoriar" a "experiência africana". Alguns deles, assim como os seus filhos, circulam desde 2000 entre Portugal e Angola no âmbito de atividades económicas transnacionais. Fiz igualmente trabalho de campo em Luanda com jovens "emigrantes", "expatriados" portugueses e luso-angolanos.
OEm - Encontras-te então situada na corrente das teorias pós-coloniais que colocam a questão da continuidade cronológica do passado colonial e das consequentes migrações portuguesas?
IS - Claro, interrogo-me sobre a relação com o passado colonial e, nomeadamente, a ausência de um questionamento crítico sobre o colonialismo em Portugal. Mas tendo em conta que trabalho sobre as subjetividades migrantes, trata-se para mim de tentar ir para além da ideia da "persistência da história" ou ainda da "nostalgia pós-colonial".
OEm - Como se passou o teu trabalho de campo em Angola? Tiveste acesso a dados estatísticos recentes sobre estes jovens emigrantes em Angola? Que acolhimento teve a tua investigação neste país?
IS - O trabalho de campo de um mês foi difícil de organizar: a obtenção de um visto foi complicado porque não tinha um contacto institucional com um centro de investigação angolano. Por diferentes razões que não desenvolverei aqui, a imigração é um tema sensível em Angola. Rapidamente abandonei a ideia de conseguir obter dados estatísticos, tendo-me concentrado nos dados qualitativos recolhidos através de entrevistas e da observação de práticas de sociabilidade. O custo de vida é extremamente caro e não encontrei nenhuma família que me pudesse acolher. Fiquei alguns dias num hotel na Baixa de Luanda, e depois fui para casa de uma expatriada francesa que vivia na entrada de um "musseque". Ela deu-me conselhos práticos, tais como a utilização de transportes públicos ou como andar a pé na cidade: tornei-me muito mais autónoma que certos imigrantes portugueses que tinham acabado de chegar e que ficavam reclusos nos seus alojamentos. Encontrava-me com eles nos restaurantes, cafés portugueses da Baixa ou na Ilha de Luanda. Os perfis socioeconómicos e os projetos migratórios são bastantes diversificados. As ligações com Angola, sejam elas históricas ou familiares, aparecem raramente nas explicações das razões de emigração, a não ser para os luso-angolanos, jovens nascidos em Portugal filhos de casais "mistos" de retornados que agora procuram adquirir a nacionalidade angolana. Este dado incita-me também a aprofundar os estudos sobre a integração desta população (os retornados mestiços) em Portugal.
OEm - Desde 2010 co-organizas o seminário "Mémoires et patrimonialisations des migrations" na EHESS. Onde surgiu a ideia ou a necessidade de criar este seminário ?
IS - O fenómeno de institucionalização política da memória (como as leis memoriais) e da patrimonialização, que traduzem uma relação específica do tempo nas nossas sociedades, também diz respeito à questão migratória, com, por exemplo, a criação na UNESCO de uma rede de museus da migração que visam o reconhecimento e a integração de populações deslocadas. Os próprios migrantes começaram a trabalhar no meio associativo através da criação de arquivos para o reconhecimento do seu passado. Tínhamos observado no plano empírico que era dado pouco valor em termos familiares à história migratória e, particularmente, à ausência de uma narrativa associada às recordações negativas e até de vergonha desse passado. Surgiu-nos a ideia de interrogar os mecanismos que visam construir memórias coletivas das migrações e transformá-las em património, ou seja, dar-lhes um valor. Compreender como e porquê estes processos emergem, quem são os atores, em que lugares, com que objetos, etc., numa perspetiva comparada de investigação.
OEm - Finalmente, gostaria que me falasses um pouco mais do conceito de memória no contexto das migrações e da maneira como tu o tratas na investigação.
IS - Pensar em termos de memória social no contexto migratório é paradoxalmente inscrever a reflexão numa lógica de continuidade social e cultural e de reenviar a experiência migratória vivida ao passado (segundo a definição que propõem certos historiadores da memória coletiva imigrante). No entanto, no contexto intraeuropeu, o caso da migração portuguesa mostra bem que quarenta anos depois da experiência migratória ela continua na ordem do presente (em consequência dos "vais e vens" e das solidariedades entre gerações nesta mobilidade). É interessante notar que se os fenómenos memoriais são dinâmicos, permanentemente alimentados pelas mobilidades e ligações transnacionais dos migrantes, a patrimonialização fixa as representações do passado migratório. Pensar em termos da memória coletiva é também analisar a memória de um grupo, ou seja, do impacto da pertença a um coletivo através das recordações que os indivíduos conservam. As pertenças múltiplas, as identidades e os imaginários multi-situados dos migrantes transformam o estudo desses processos em temas atrativos.
OEm - Gostarias de nos falar sobre outros aspetos importantes das tuas investigações para o estudo da emigração portuguesa?
IS - Gostaria sobretudo de aproveitar esta ocasião para dizer o quão importante é continuar a trabalhar sobre a emigração portuguesa - os fluxos recentes sem esquecer os antigos - numa perspetiva comparada entre os diferentes contextos de instalação, como o que eu tinha começado a fazer com o meu colega brasileiro Eduardo Caetano da Silva, numa investigação sobre os lusodescendentes em França e no Brasil, ou o João Sardinha a partir dos caso canadiano e francês. Seria necessário também continuar os estudos sobre a participação dos portugueses na sociedade de instalação, por exemplo, a participação política e a cidadania em geral, como começou a fazer o Jorge Portugal Branco sobre os portugueses e franceses de origem portuguesa eleitos nas eleições municipais francesas.
Como citar [versão pt] Espírito Santo, Inês (2014), "Há mais do que uma «portugalidade»: entrevista a Irène dos Santos", Observatório da Emigração, 28 de fevereiro de 2014. http://www.observatorioemigracao.pt/np4/4672.html